On tombe de soie...
Poème
de Carole Menahem-Lilin
En écho à un poème
de Pierre Reverdy, La saveur du réel, in Plupart du temps
« Il marchait sur un pied sans savoir où il poserait
l'autre. Au tournant de la rue le vent balayait la poussière et sa
bouche avide engouffrait tout l'espace.
il se mit à courir espérant s'envoler d'un moemnt àl'autre, mais au bord
du ruisseau les pavés étaient humides et ses bras battant l'air n'ont pu
le retenir. Dans sa chute ilk comprit qu'il était plus lourd que son rêve
et il aima, depuis, le poids qui l'avait fait tomber.»
Et il aima, depuis, le poids qui l’avait fait tomber…
On tombe de soi…
On se réveille.
Il fait nuit encore.
On naît
Dans le froissement soyeux des draps,
Des peaux.
On est la peau de soi que l’on froisse
Orange, cannelle, écorces
Introuvable écorce du réel
Car le rêve revient
Vous baigner dans l’eau sucrée des berges
Berges gonflées d’iris
Iris iridescents des yeux premiers
Emoi…
Emoi sans berges des yeux premiers
De la mère…
Et la mer vous reprend
Dans un froissement de soie…
Ainsi de soie en soi on tombe
Dans l’indécis cocon
D’un sommeil amoureux
D’un écho papillon…
(pour Charles)