Désir verrier...
Poème
de Carole Menahem-Lilin
En écho à un poème
de Pierre Reverdy, Jour transparent, in Main d'oeuvre
Extrait « ... Et sur le chemin le jour qui se casse
n'est pas achevé.
»
Fin de jour
cassante
Fragile
Comme du verre filé
Un voisin s’attarde sur la voile du jour
Il fredonne
Par sa voix il entre sous ma peau
Lui, l’inconnu quotidien qu’inattentive je côtoie
Je le vois
Je le vois, debout dans la paume du ciel
Il me surprend
Il fredonne une note d’un bleu insoutenable
qui me fait prolongement d’horizon
L’azur, la bleuité, dieu diffus, m’enveloppe
Et je me fragmente aux confins du crépuscule
Tandis que
Lui
Me regardant souffle le verre filé
Cassant
De la fin du jour
Plus jamais l’instant ne sera égal
Plus jamais notre trace
Dans les vertiges de l’heure
Ne sera identiquement contenue
Ce filigrane – nous, et les déploiements amoureux de l’instant –
C’est main tenant qu’il les faut saisir dans la paume du soir
A cette heure ou plus jamais.
Lui fredonne toujours
J’avance sur le chemin fragile
Cassant
De la fin du jour
J’avance vers le souffleur de vertiges amoureux
J’avance aujourd’hui comme j’avancerai demain
Dans l’inconnu quotidien.
Je me donne et ne me reprends pas.
Car chaque jour exige une autre naissance