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Maternités :

Poèmes de Carole Menahem-Lilin

Compositions graphiques de  Marie-Lydie Joffre et Carole Menahem-Lilin

Enceinte

Sphinge maternelle

Enceinte

 

Une femme assise, enceinte

Reine d’un moment

Son ventre lourd appuyé

sur ses genoux.

 

Enceinte, une femme en ses remparts.

 

Au-dessus d’elle la lune

comme un

point d’interrogation.

 

La terre qui la reçoit bat,

Bat comme un tambour

Contre son sexe,

Ses fesses et ses chevilles.

 

Et dans son ventre

Plein

Tourne et tourne l’enfant.

 

Petit monde.

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Sphinge maternelle

 

 Encre et craie de Marie-Lydie Joffre et Carole Menahem-Lilin

L’ombre de ton visage, ma mère,

sur mon ventre porteur.

 

A ma manière, ma mère,

                            j’emprunte tes ruelles

Itinéraires devenus miens,

                            Inscrits, vergetures sur ma peau

                            Végétales traces

                            Lanières exactes des côtes.

Ton œil se dessine ainsi sur mon ventre

                            Dans la pupille la vie bat

                            Prisonnière, protégée

 

Durant neuf mois je serai sphinx,

                            A ta manière, ma mère,

                            Sphinx, c’est à dire femme, pomme et serpent

Moi qui ai toujours douté de ma féminité

                            Je deviens femme comme toi

                            Je te continue et je diffère

                            Je te dépasse sans te perdre.

 

Je ne connaissais que la honte d’être double

                            douteuse face à toi si certaine.

Me voilà moi enfin : trouble, oui, et fière de l’être

                            Double, dédoublée qui se divisera.

 

                            Parturiente

                                      Partagée

                                               Mais joyeuse.

                            Enfin moi c’est à dire passage

                            Trait d’union, main ouverte sur des directions multiples

Place et venelles

         Tunnel et ventre

         Cœur battant jusqu’aux périphériques

                   Espace fécondé.

        

 

Je suis femme parce que tu m’as dansée

Mère parce que tu me l’as prédit.

 

 

Par l’ombre de ton visage sur mon ventre, ma mère

Par ton regard qui me reconnaît

 

Sans révolte

Alors que révolte fut si souvent mon nom

 

         Je deviens mère à mon tour.

 

Transmission

Passage

Merveilleuse sensation que d’être passage et passagère

Emplie d’un petit messager

Qui glissera bientôt sous  nos arcades

Nos étroites venelles, nos méandres rêveurs

 

Nos murs porteurs

Baignés de la lumière de ton visage, ma mère,

Comme elle a baigné mon enfance

De paix et sortilèges.

 

Connivence.

 Encre et craie de Marie-Lydie Joffre et Carole Menahem-Lilin

   

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