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Poé-graphies

Ombre Platane

Poème et photos de Carole Menahem-Lilin

   
     

Parmi les platanes mon ombre se cherche

embrasse leurs bras multiples,

multiplement striés,

Arbres danseurs, vacillant

sur les épaules étroites de danseurs.

Mon ombre s'allonge sur le sol,

inhumaine parmi

ces silhouettes humaines

hommes dressés, femmes lovées,

larges porteurs de lumière.

Leurs doubles elle saisit,

leurs doubles et leurs moignons,

Elle pénètre le labyrinthe de leurs ventres,

effleure la pointe de leurs seins,

s'exaspère

dans l'espace erratique,

sensible

de leurs yeux.

Voyante, devient mon ombre

Par les miliers d'yeux peints

à même l'écorce,

à même la peau des ventres

de platanes.

Et à mesure je me fragmente,

lambeaux d'écorces oscellées.

Et je m'allonge, me cherche,

m'imprime sur la peau du sol,

dans les racines déracinées.

Je deviens surface, peau,

fragments que d'un souffle on arrache

écorce dans l'écorce des jours

taches de lumière écrue, naïve.

Un labyrinthe glissant,

Signes habités

épars dans la lumière,

Ecorces sur les écorces déposées

pellicules du temps

Derme opaque

pour l'écriture insomniaque,

ardoise pour les mains des enfants,

courbe pour le ventre du vent.

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