Lunatiques, poésie illustrée, Carole Menahem-Lilin, Marie-Lydie Joffre

Lunatiques

Poèmes de Carole Menahem-Lilin, Compositions graphiques de M.L.Joffre et C. Menahem-Lilin

	L unation	Oeil	Apparition

Lunation

La lune dans mon dos projetterait mon ombre.
	Moi, avançant dans cette lumière noire Du pied éparpillant mes peaux. Pendant des heures, avançant toujours, ne me joignant jamais. (Pourtant, me coucher en mon ombre comme en un frère perdu ébahi).
Mais non. Toujours poussée par la lune – conscience qui dans mon dos projetterait mon ombre, Fabriquerait la route Moi avançant toujours, au-delà de moi Ne rattrapant jamais mon double, Son signe sur le sol.
	Désolation : Ne lui appartenir point Ni ne m’appesantir jamais
Aller toujours, Plusieurs et incomplète Echolalie Nombre d’une ombre sans origine.
	La lune dans mon dos projetterait mes ombres Lunatique réverbère Cons-cience Scindée Impitoyable.

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Oeil

Escales, Escaliers, Voies croisées Sur la tunique de mes rêves. Qui serai-je cette nuit ? Quel personnage sautillant Quels acrobates alternatifs ? Plusieurs en une, lune en plusieurs.
	Derrière mon ombre ma conscience veille Le visage tout entier œil.
Elle observe envieuse les escales, escaliers, échelles de mes rêves mes acrobates aux bras multiples et sans passé.
	Qui serai-je cette nuit ? Je serai cirque cette nuit. De son œil rond de chouette effraie elle me regardera, je me regarderai.
Je serai cirque et spectatrice pour le spectre, spectral, spectaculaire interdit.

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Apparition

Elle

Le visage blanc,

Traversé de licorne.

Un œil ouvert

A la place du cœur.

Elle dort, mon aube.

Tandis que je travaille à faire advenir son visage

Elle dort.

Les sourciers viennent boire à sa bouche.

Que deviendrait-elle, mon aube,

Sans ma vigilance d’insomniaque ?

Une orbe sans visage,

visage sans permission

Une aube morte sans amour.

Poé-graphies

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